Rabelais a largement contribué à fixer la langue française, certaines de ses expressions.

Il propose aussi sa version pour le nom Beauce, cette fameuse région toute plate et bien géométriquement cultivée.

Gargantua, après une jeunesse Sullacienne (ceux de Seuilly, près Chinon), part étudier à Paris. Et donc :

En tel équipage, ils suivirent joyeusement leur itinéraire, faisant toujours grande chère, comme cela jusqu’au-dessus d’Orléans. Il y avait à cet endroit une vaste forêt, de trente-cinq lieues de longueur et de dix-sept de largeur, ou à peu près. Celle-ci était horriblement riche et féconde en mouches à boeufs et en frelons, si bien que c’était un vrai coupe-gorge pour les pauvres bêtes de somme, ânes et chevaux. Mais la jument de Gargantua eut la revanche de tous les outrages qui y avaient été commis sur les bêtes de son espèce, dont elle vengea l’honneur par un tour auquel les insectes ne s’attendaient guère. Car dès qu’ils eurent pénétré dans la forêt en question et que les frelons lui eurent livré l’assaut, elle dégaina sa queue et dans l’escarmouche les émoucha si bien qu’elle en abattit toute la futaie. A tort, à travers, de çà, de là, par-ci, par-là, en long, en large, par-dessus, par-dessous, elle abattait les troncs comme un faucheur abat les herbes, de telle sorte que depuis il n’y eut plus ni bois ni frelons, et que tout le pays fut transformé en champs.

Ce que voyant, Gargantua y prit un bien grand plaisir et, sans davantage s’en vanter, dit à ses gens: »Je trouve beau ce. « C’est pourquoi, depuis lors, on appelle ce pays la Beauce.

Gargantua, chapitre 16